Forum de l’Action Publique : les résultats et les enseignements de la consultation sur la fonction publique
Voir en ligne : Contribution de l’UNSA Fonction Publique au Forum de l’Action Publique
Une restitution nationale du Forum de l’Action Publique a été faite le 2 mai 2018, en présence d’Olivier Dussopt, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’action et des comptes publics, pour présenter les résultats et les enseignements retenus par le Gouvernement, suite à la consultation des agents et des usagers du service public qui s’est déroulée du 24 novembre 2017 au 9 mars 2018.
L’UNSA rappelle son attachement aux services publics de proximité et au contact humain dans les relations entre les usagers et leur administration. Dans sa contribution au Forum, l’UNSA avait particulièrement insisté sur la nécessité de conserver une fonction publique de statut, protecteur des citoyens, des agents et du service public, et demandé une amélioration rapide des conditions de travail, plus respectueuses des agents publics.
Au total, 17 112 personnes ont répondu au questionnaire sur les services publics, 4 835 contributions et 20 308 votes ont été mis en ligne sur la plateforme collaborative, et 600 personnes ont participé aux événements régionaux [1].
Les résultats du questionnaire sur les services publics
Les usagers et les agents qui ont répondu au questionnaire ont fait part d’un attachement élevé au service public et aux valeurs du service public : le sens de l’intérêt général, l’égalité de traitement, la continuité des services publics et la protection des populations les plus fragiles, même si ces valeurs restent encore parfois à développer.
60% des usagers et 66% des agents publics partagent le sentiment d’une dégradation de l’action des services publics qui résulte principalement d’une réduction des effectifs et des moyens, et qui se caractérise par la fermeture de services publics, des temps d’attente qui s’allongent et une diminution de la qualité du service rendu.
Les attentes des agents publics et des usagers portent sur l’accessibilité aux services publics, sur la simplification administrative, la proximité des services et la réduction des délais.
Pour certains usagers, la dématérialisation est un des facteurs de satisfaction et peut être un levier d’amélioration de la qualité des services et de réduction des délais, alors que pour d’autres elle se traduit par une perte de contact humain et par la fermeture de services publics, et contribue à la dégradation de la qualité de l’action des services publics. La dématérialisation totale rencontre des réticences, notamment pour les plus âgés qui souhaitent conserver un contact humains dans leurs relations avec l’administration.
Pour les agents et les usagers, le périmètre actuel des missions de service public doit être conservé, et l’action des services publics doit même être renforcée dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la sécurité et des transports.
Les enseignements de la consultation sur la fonction publique
Les agents publics qui ont participé ont exprimé de nombreuses attentes, et notamment :
- une plus grande reconnaissance de l’action publique et de l’engagement des agents publics par la société, et une reconnaissance des compétences individuelles et de l’investissement personnel par les managers de proximité ;
- un meilleur accompagnement RH, particulièrement en matière de conseil sur les parcours professionnels (formation, promotion, mobilité, etc.) ;
- le développement de la prévention, l’amélioration des conditions de travail, une mise en œuvre plus large du télétravail et une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle ;
- le développement des compétences managériales des encadrants, parfois perçus comme étant éloignés des préoccupations du terrain, et le développement de modalités de travail plus participatives et avec une délégation plus importante ;
- une pause dans les réformes, trop rapprochées et vécues sans réel accompagnement des personnels.
En matière de parcours professionnels, les agents souhaitent que les compétences acquises soient mieux reconnues et valorisées, et que les mobilités puissent être favorisées au sein des bassins d’emploi, quel que soit le versant et l’employeur public.
Pour l’UNSA, le Forum de l’Action Publique n’est pas représentatif de l’ensemble des usagers des services publics et des agents publics. La faible participation se suffirait à elle-même pour le prouver. Les usagers et les agents les plus fragiles notamment, qui souffrent de la fracture numérique ou qui disposent des moyens les plus limités, n’ont pas eu la possibilité de s’exprimer.
Le risque de voir utilisées les conclusions du forum pour justifier les réformes à venir (rapport CAP22, concertation Fonction publique...) est évident. Mais ces arguments sont d’ores et déjà discrédités par la faiblesse de la participation et l’inconnue du panel des répondants.
Pour l’UNSA, l’évolution des services et de l’action publique doit impérativement se faire en redonnant du sens et de la cohérence aux agents publics, en valorisant leur action, en répondant à leurs attentes et en les associant le plus largement possible, y compris à travers leurs représentants et un dialogue social réellement abouti.
[1] Le Forum de l’Action Publique a été réalisé en deux volets : un numérique, sur une plateforme collaborative, par l’intermédiaire d’un questionnaire sur les services publics ouvert à tous les usagers, et une consultation sur des thématiques relatives aux ressources humaines pour les agents publics. Dans un second volet, des événements ont été organisés dans quelques villes, sous la forme de débats territoriaux et de 6 ateliers sur les problématiques propres aux RH. Mais les forums régionaux en présence de ministres, annoncés initialement, n’ont pas eu lieu... L’UNSA le déplore.